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Doctorats honoris causa

Cette haute distinction rend hommage à des personnalités dont le rayonnement est remarquable et exemplaire dans ses sphères d'activité. Les récipiendaires proviennent du monde universitaire ou de la société civile au Québec, au Canada et à l’international.

2021

Guy Deschênes

Fondateur et président d'entreprises dans le secteur forestier
Doctorat honoris causa en sciences du bois et de la forêt

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En 1985, afin d'assurer la survie de l'usine de sciage de bois résineux de Sacré-Cœur, sur la Côte-Nord, Guy Deschênes propose un nouveau modèle d'affaires, fondé sur le coopératisme. Ainsi est née l'usine Boisaco – l'un des plus importants producteurs de bois d'œuvre au Québec –, dont la communauté et les travailleurs sont des actionnaires. Depuis la fondation de cette entreprise, monsieur Deschênes a su, de fil en aiguille, s'imposer comme l'une des figures les plus innovantes de l'industrie forestière canadienne.

En effet, se greffent aujourd'hui autour de l'usine de sciage quatre entreprises connexes, aussi basées sur le modèle coopératif. L'usine de panneaux de fibres Sacopan et l'entreprise de fabrication de litière équestre Ripco, ainsi que l'usine de granules énergétiques Granulco – dont le quart des actions est détenu par la Première Nation des Innus Essipit –, se consacrent toutes à la valorisation des résidus de sciage. L'entreprise Bersaco, quant à elle, transforme le bois de feuillus, ce qui permet à Boisaco de s'approvisionner également dans les forêts mixtes. Ce complexe industriel, entièrement créé à l'initiative de Guy Deschênes, représente un vertueux modèle de respect environnemental, de développement durable, de partenariat avec les Premières Nations, d'économie coopérative et de moteur régional au service de sa communauté.

Profondément engagé dans le développement du secteur forestier, notamment comme président de l'Association des manufacturiers de bois de sciage et comme cofondateur du Conseil de l'industrie forestière du Québec, monsieur Deschênes est devenu une référence dans son domaine et est fréquemment consulté par les instances gouvernementales sur les questions forestières. Se distinguant également par son désir de toujours concilier répartition des richesses et croissance sociale et économique, il a cofondé divers organismes, comme le Comité local de développement de la Haute-Côte-Nord et la Société d'aide au développement des collectivités.  
 
Son esprit d'entrepreneuriat et son dévouement social ont été soulignés par plusieurs distinctions, dont le prix Henri-Gustave-Joly-de-Lotbinière de l'Ordre des ingénieurs forestiers du Québec et la Médaille commémorative du 125e anniversaire de la Confédération du Canada.

Boucar Diouf

Biologiste, humoriste, auteur et animateur
Doctorat honoris causa d'université

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Titulaire d'une maîtrise en biologie de l'Université de Dakar, Boucar Diouf s'installe au Québec, en 1991, pour des études doctorales en océanographie à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR). Ayant obtenu son doctorat en 1999, il enseigne à l'UQAR, jusqu'en 2006, dans des matières aussi variées que la physiologie humaine, la biologie adaptative et la biochimie structurale. Pour faciliter la compréhension de ses cours, il conçoit des capsules humoristiques intitulées Boucardises. Ébahis par son talent, ses étudiants l'inscrivent aux auditions du festival Juste pour rire. Ainsi débute, pour ce scientifique, une fructueuse carrière dans le monde de l'humour et des communications.
 
Depuis 2010, Boucar Diouf a présenté, au Québec et ailleurs dans la francophonie, trois spectacles d'humour, qui ont tous obtenu des nominations au gala Les Olivier. Son quatrième spectacle – qui expose avec beaucoup d'esprit son amour pour le fleuve Saint-Laurent – est tout à fait représentatif de son art, qui marie avec justesse et bonheur l'humour, la vulgarisation scientifique et les réflexions sociales. Animateur de nombreuses émissions de télévision à succès, il a aussi été chroniqueur pour des émissions d'affaires publiques et pour le quotidien La Presse. Auteur de dix livres, il a également animé plusieurs émissions radiophoniques, dont La nature selon Boucar sur les ondes de Radio-Canada.

Amoureux de la langue française, c'est par la poésie des mots que Boucar Diouf se plaît à raconter la science et à se faire le héraut de la protection de l'environnement, de la tolérance et du mieux-vivre ensemble. Portant un regard à la fois critique et bienveillant sur la collectivité, il éclaire avec à-propos les enjeux sociaux et incarne un modèle inspirant d'inclusion et d'engagement pour le bien commun. Ses valeurs humaines et sa rigueur scientifique ont été saluées par plusieurs honneurs, dont les prix Charles-Biddle, remis par le gouvernement du Québec pour souligner l'apport à la diversité culturelle, et Pierre-Dansereau, décerné par l'Association des biologistes du Québec.

Christiane Germain

Cofondatrice et coprésidente de Germain Hôtels
Doctorat honoris causa en sciences de l'administration

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Issue d'une famille qui œuvrait dans le monde de l'hôtellerie, de la restauration et de l'immobilier, Christiane Germain souhaite poursuivre le rêve familial. En 1973, elle s'inscrit donc en administration hôtelière au Humber College, à Toronto, puis elle fonde, en 1988, avec son frère Jean-Yves Germain, l'hôtel Germain-des-prés, à Sainte-Foy. De ce premier établissement est née l'impressionnante entreprise Germain Hôtels, qui compte aujourd'hui 18 établissements dans sept provinces canadiennes et plus de 1500 employés.

Parmi les 50 sociétés les mieux gérées au pays, Germain Hôtels dirige des établissements hôteliers de classe mondiale au style unique et au service à la clientèle hors pair. L'entreprise se fait un devoir d'appliquer une politique d'approvisionnement local et d'offrir à son personnel un environnement de travail stimulant.

Femme d'affaires remarquable, Christiane Germain a siégé à de nombreux conseils d'administration, dont ceux du Massif de Petite-Rivière-Saint-François, de la Fondation de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec et de Loblaw. Elle est présidente du conseil d'administration du Musée national des beaux-arts du Québec et a joint le conseil d'administration d'Entrepreneuriat Laval en 2021. Conférencière très sollicitée, madame Germain est aussi un magnifique exemple d'engagement social auprès des entrepreneurs, débutants ou aguerris. Avec générosité, elle a notamment conseillé et épaulé de nouveaux entrepreneurs à titre de « dragonne » à l'émission Dans l'œil du dragon en 2017, 2018 et 2021.

Grand modèle féminin de leadership, Christiane Germain a ouvert la voie aux femmes dans le monde de l'entrepreneuriat et dans celui des conseils d'administration. Nommée pendant quatre années consécutives parmi les 100 femmes les plus influentes du Canada selon le Réseau des femmes exécutives, cette personnalité très respectée du monde des affaires a reçu maintes distinctions, dont les titres de chevalière de l'Ordre national du Québec en 2009 et d'officière de l'Ordre du Canada en 2015. En 2019, son frère et elle ont été nommés Grands Québécois – secteur économique par la Chambre de commerce et d’industrie de Québec et, en 2020, ils sont entrés dans le Cercle des Grands entrepreneurs du Québec, une initiative de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Desjardins et la Banque Nationale.

John Humbley

Professeur émérite de l'Université de Paris et professeur invité à l'Université de Vérone
Doctorat honoris causa en linguistique

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D'abord formé à la phonétique en Australie, John Humbley fait la rencontre, en 1968, de l'un des plus grands lexicographes de son temps, Bernard Quemada, qui le dirige vers l'étude du lexique. Le polyglotte devient alors l'un des tout premiers linguistes spécialisés dans l'étude empirique des emprunts, notamment des anglicismes, dans plusieurs langues indo-européennes (scandinaves, germaniques et romanes). Ses nombreuses contributions aux domaines de la terminologie et de la néologie en font aujourd'hui l'un des linguistes les plus reconnus non seulement dans la francophonie, mais sur toute la scène internationale.

Titulaire d'un doctorat d'État de l'Université Paris 13, le professeur Humbley a œuvré, pendant toute sa carrière, à encadrer les pratiques de renouvellement des vocabulaires. Avec plus de 400 publications scientifiques, dont une quinzaine d'ouvrages, le parcours universitaire de ce grand érudit est exemplaire. Directeur du Centre de terminologie et de néologie de 1989 à 1993 et cofondateur de la première revue spécialisée en néologie (Neologica), il a été un collaborateur très actif dans le réseau Global Anglicism Database, qui s'intéresse à l'anglicisation culturelle et linguistique, et a participé à divers programmes de repérage et d'analyse des néologismes, dont Néoveille, un observatoire de veille plurilingue.  

Acteur de premier plan dans la production de connaissances à même d'orienter les modes d'aménagement linguistique dans de nombreux champs de savoir en expansion, John Humbley peut s'enorgueillir de contributions qui dépassent largement les cercles universitaires. De ses travaux résultent, en effet, des apports concrets dans la création et la normalisation de vocabulaires techniques utilisés par maintes entreprises et institutions, notamment dans la terminologie du commerce électronique et du monde informatique en usage aujourd'hui dans une multitude de langues.

Sa renommée est telle que son accession à l'éméritat, en 2015, a donné lieu à un éminent colloque international pour lui rendre hommage. Honneur bien mérité puisque cet officier de l'ordre des Arts et des Lettres de la France a été le lauréat de prestigieuses reconnaissances nationales et internationales, dont les prix Émile-Benveniste (Académie des inscriptions et belles-lettres) et Eugen-Wüster.

Marie-Odile Marceau

Cofondatrice et architecte principale de la firme McFarland Marceau Architects
Doctorat honoris causa en architecture

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Diplômée du baccalauréat en architecture de l'Université Laval en 1981, Marie-Odile Marceau commence sa carrière comme surveillante de chantier dans le Grand Nord québécois, avant de la poursuivre dans la fonction publique des Territoires du Nord-Ouest, où elle se spécialise rapidement dans l'architecture en contexte arctique. Elle est ensuite engagée par le ministère des Affaires indiennes pour gérer le portfolio de développement d'écoles sur les réserves autochtones de la Colombie-Britannique. Elle se distingue alors par son approche collaborative et son respect à la fois de la culture autochtone et de l'environnement, des valeurs qui marqueront profondément tout son parcours professionnel.

En effet, lorsqu'elle commence à exercer sa profession en pratique privée, madame Marceau continue de promouvoir une architecture répondant à des principes sociaux et écologiques élevés. La firme McFarland Marceau Architects (MMA), qu'elle a cofondée à Vancouver, se démarque notamment par ses préoccupations de carboneutralité et de développement durable. Cette firme est aussi reconnue pour son utilisation généralisée, élégante et novatrice du bois. Marie-Odile Marceau a d'ailleurs été sacrée Wood Champion, par le Conseil canadien du bois, en 2015.

Le portfolio de la firme MMA est des plus enviables, embrassant tous les budgets et échelles de construction et présentant des projets inspirants bien intégrés autant dans leur environnement paysager que dans leur communauté culturelle, notamment autochtone. Marie-Odile Marceau a d'ailleurs développé plusieurs outils de conception, telles des séances de design interactives, qui visent la participation des usagers et de la communauté dès les premières phases d'un projet. De cet engagement résultent non seulement des bâtiments hautement fonctionnels, mais aussi des signes visibles d'une expression culturelle et d'une appartenance à une société.

Les grands idéaux de Marie-Odile Marceau lui permettent de briller parmi les grands architectes canadiens. Ayant livré de nombreux bâtiments qui se distinguent par leur réponse humaine, culturelle et environnementale, elle est une référence dans son domaine, comme en témoignent les nombreux prix d'excellence attribués aux projets de sa firme.

Yannick Nézet-Séguin

Directeur musical de l'Orchestre métropolitain de Montréal, de l'Orchestre de Philadelphie et du Metropolitan Opera de New York
Doctorat honoris causa en musique

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La carrière de Yannick Nézet-Séguin connaît dès le départ une ascension fulgurante. Diplômé du Conservatoire de musique et d'art dramatique de Montréal en 1997, il devient, dès 2000, directeur musical de l'Orchestre métropolitain de Montréal, qu'il mène à un niveau d'excellence remarquable. De 2008 à 2018, il occupe aussi le poste de chef régulier de l'Orchestre philharmonique de Rotterdam. Jouissant d'une réputation internationale fort enviable, il dirige actuellement deux des plus prestigieuses formations musicales des États-Unis : l'Orchestre de Philadelphie, depuis 2012, et le Metropolitan Opera de New York, depuis 2018. Aucune autre personnalité canadienne de la musique classique n'a jamais atteint une telle renommée mondiale.

Avec près de 100 concerts par année, Yannick Nézet-Séguin est l'un des chefs d'orchestre les plus actifs sur la scène internationale. Jusqu'à présent, il a dirigé près de 80 orchestres différents à travers le monde, dont des ensembles très réputés comme l'Orchestre philharmonique de Berlin, l'Orchestre philharmonique de Vienne et l'Orchestre de chambre d'Europe. Il a aussi dirigé maints opéras, notamment à la Royal Opera House (Covent Garden) à Londres, à l'Opéra d'État de Vienne et à la Scala de Milan. Le maestro compte plus de 70 enregistrements, qui couvrent un vaste répertoire symphonique et opératique, où se côtoient, entre autres, Mozart, Beethoven, Berlioz, Tchaïkovski, Ravel et Prokofiev. D'une indéniable polyvalence, il est reconnu par les grands mélomanes pour son talent à savoir mettre en valeur les qualités musicales propres à chaque style ou œuvre.

Les prestations de monsieur Nézet-Séguin s'attirent toujours une pluie d'éloges de la critique la plus éminente et pointilleuse. Désigné «artiste de l'année 2015» par l'illustre magazine spécialisé en musique classique Musical America, il est le premier Québécois à mériter cette reconnaissance. Outre les nombreux prix pour ses enregistrements, il a obtenu, au cours de sa carrière, plusieurs honneurs, dont un prestigieux prix de la Société philharmonique royale de Londres. Il a également été nommé officier de l'Ordre national du Québec et compagnon de l'Ordre du Canada.

Crédit photo: Chris Lee

Léonard Wantchékon

Titulaire du poste James Madison Professor of political economy à l'Université de Princeton
Doctorat honoris causa en science économique

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À la fin des années 1980, un Béninois fait une demande d’admission atypique à la maîtrise en économique de l’Université Laval. Sans diplôme universitaire, il est tout de même accepté dans le programme pour sa résilience et sa détermination. Or, la rigueur scientifique de cet homme allait lui permettre de devenir, quelques années plus tard, l’un des premiers professeurs d’origine africaine exerçant au sein de l’une des illustres universités américaines de l’Ivy League.

Jeté en prison en 1985 et torturé durant un an et demi pour avoir milité, durant ses études universitaires en mathématiques, contre le dictateur Kérékou du Bénin, Léonard Wantchékon réussit à obtenir le statut de réfugié politique au Canada. Après l’obtention d’un premier diplôme de maîtrise de l’Université Laval en 1990, puis d’un second de l’Université de la Colombie-Britannique en 1992, il fait des études doctorales, dirigées par le lauréat d’un prix Nobel Roger Myerson, à l’Université Northwestern, en Illinois. Spécialisé en économie politique, il est engagé comme professeur de sciences politiques à l’Université Yale en 1995, puis à l’Université de New York en 2001, et enfin à l’Université de Princeton en 2011.

Les travaux du professeur Wantchékon portent sur l’économie politique, l’histoire économique et le développement économique. Ses quelque 150 publications, qui ont profondément marqué chacun de ces domaines, reposent généralement sur des modèles mathématiques et statistiques destinés à expliquer des phénomènes politiques, sociaux et économiques, comme le clientélisme politique ou l’esclavage. Pionnier des expériences aléatoires contrôlées sur le terrain dans les champs de l’économie et de la politique, il est reconnu par ses pairs comme un chercheur de premier plan, fortement cité, et a été nommé fellow des prestigieuses Econometric Society et American Academy of Arts and Sciences.

Fier de ses origines et travaillant sans cesse à accroître la valeur de la recherche et de l’éducation supérieure en Afrique, monsieur Wantchékon a fondé, en 2004, l’Institut de recherche empirique en économie politique, dont le succès a mené à la fondation de l’École africaine d’économie, qui offre des programmes de maîtrise de qualité.